Les architectes canadiens Stephanie Forsythe et Todd MacAllen ont inventé un étonnant système de parois, meubles et luminaires dépliants en papier.
Au début des années 2000, Stephanie Forsythe et Todd MacAllen est un jeune couple d’architectes canadiens habitant un petit studio dans Yaletown, à Vancouver. Concentrés sur un concours pour concevoir des logements à bas coût, ils construisent des maquettes en papier de toutes tailles. C’est en manipulant cette matière première qui conservait à merveille les formes et tenait toute seule que l’idée d’en faire un matériau de construction est née.
Quelques mois plus tard, ils inventent le premier softwall, une paroi en papier alvéolé, flexible et auto-portante. Dans les mailles de ce mur de papier, il y a toute la philosophie du couple : « nous aimons les intérieurs ouverts, évolutifs dans le temps et construire de façon solide. Nous nous sommes intéressé aux structures qui s’élargissent, se contractent et se déplacent. Nous nous sommes aperçu que le papier était une matière première tout à fait viable, et c’était assez excitant de l’utiliser d’une nouvelle façon. » Après des recherches méticuleuses, les parois adoptent une structure en nid d’abeille, ce qui leur permet une fois repliées de n’être pas plus épaisses qu’un livre. Dépliées en accordéon, elles peuvent s’étendre 100 fois, jusqu’à 4.5 mètres de long. On les dispose en lignes ou en courbes, on les connecte entre elles par des aimants pour aménager des séparations à la fois visuelles et acoustiques. Le softwall est esthétique, poétique, fonctionnel, conceptuel. Le MOMA de New-York acquiert les premiers prototypes de 2003.
La même année, ils fondent leur studio de création et le baptisent « molo », pour « middle ones, little ones ». Une façon pour les architectes de se positionner intellectuellement dans une échelle plus intime que celle de bâtiments entiers. Molo décline par la suite son concept en proposant différentes matières, du papier couleur kraft en partie recyclé, au bleu Klein, gris métal ou noir. Il existe une édition limitée, dorée sur tranche à l’or 24 carats, comme celle des livres de collection. Softwall est aussi disponible en textile intissé blanc pur, traité anti-poussière, et peut recevoir des LEDs intégrés pour une ambiance lumineuse extraordinairement douce. L’autre avantage de la structure en nid d’abeille est sa résistance et sa forte portance. Forsythe et MacAllen dessinent des tabourets ronds, des parois avec banc intégré, des tables circulaires et des comptoirs dépliants. Enfin pour compléter le décor, la collection compte la lampe à poser urchin et la suspension cloud comme autant de bulles de douceur qui éclairent et atténuent les sons. La sobriété du style va jusqu’à écrire les noms des produits sans lettre majuscule.
Softwall est conçu pour s’adapter à ces nouvelles façons de travailler. Notre système apporte des solutions pour l’acoustique, l’éclairage et la confidentialité.
L’esthétique pure de molo remporte un succès immédiat auprès des particuliers et des entreprises. Les lieux hybrides entre sphère personnelle et professionnelle l’adoptent naturellement. « Les espaces de travail épousent la flexibilité, analysent Forsythe et MacAllen. Les secteurs de la tech et de la création sont friands des open-space et sont pilotés par des équipes qui changent tout le temps de taille. Softwall est conçu pour s’adapter à ces nouvelles façons de travailler. Notre système apporte en plus des solutions pour l’acoustique, l’éclairage et la confidentialité, des sujets de plus en plus importants.» Il est fondamental pour les deux architectes que les usagers s’approprient leurs créations. « Notre intention est que nos clients assimilent et continuent le processus de design, en créant des installations uniques non pas centrées sur molo en tant que tel mais sur ses possibilités infinies. »
À la rentrée, molo se projette sur Maison&Objet. Stephanie Forsythe et Todd MacAllen aimeront y retrouver leurs clients et surtout en conquérir de nouveaux. Leur voyage est aussi culturel. « La France est un mélange extraordinaire d’architecture, d’art, de cuisine, de vin, de design. Après notre dernier salon, nous nous sommes échappés visiter La Maison de verre, la Bibliothèque Nationale, et même la chapelle Ronchamp de Le Corbusier en Bourgogne que nous avons étudiée et qui nous a toujours inspirée. Chaque visite est une expérience immersive dans la culture française. ».
Par Caroline Tossan