Dix huit ans de complicité dans le design et dans la vie pour ce duo londonien. C’est Staffan, fidèle ambassadeur de « Maison » comme il dit, qui nous livre les secrets d’une réussite aussi éclatante en studio qu’en famille.
Trois prix en 2021. Rien de moins. En un an, Tollgård Design Group a récolté la médaille d’or des London Design Award pour Dojo, un lieu hybride au cœur de Londres, le International Design & Architecture Awards pour une villa familiale en Jordanie, et le Livingetc Style Award pour Ekero, une table d’appoint en marbre et noyer éditée avec Porada. Que ce soit au Koweit, au Portugal ou à Kensington, le quartier huppé de leur ville, Monique et Staffan Tollgård habillent les lieux comme des conteurs, avec une prédilection pour les maisons où se jouent les rituels familiaux. « Il est clair qu’un design centré sur la famille signifie passer du temps en famille. » Depuis les confinements, le couple a réarticulé sa manière de travailler : et nos clients et nos enfants peuvent compter sur au moins un Tolllgård. » Et nous aussi.
Je suis venu y étudier la réalisation et j’ai rencontré ma femme sur un tournage. Elle travaillait dans la production documentaire. Je suis resté à Londres mais pas dans le cinéma ! J’ai intégré la Inchbald School of Design et ai fondé le studio Tollgård. Monique a fini par intégrer la même école avant de me rejoindre pour devenir chef de studio. Londres est une ville très importante dans notre domaine, où se tissent des liens forts entre l’architecture, l’art et le design.
Je pense avec la mentalité suédoise : rationnelle, fonctionnelle et ancrée dans un environnement cadré. Je suis fier que mes racines me permettent d’observer cette intégrité sur tous mes projets, peu importe où ils se trouvent.
Ma femme a quitté Johannesburg pour Londres quand elle était petite. Ce déracinement a fait naître en elle une aptitude à penser le « home » – loin de chez soi, à imprégner des espaces intimes de signifiants puissants, de valeurs familiales et de souvenirs. Tout cela apporte une dimension affective aux intérieurs que nous concevons. Ses grands-parents étaient collectionneurs, elle a grandi entourée d’objets d’art, de plantes – et de vin ! –. Cette atmosphère l’a aidée à comprendre ce qui fait le bonheur de nos clients et lesquels de leurs trésors parlent le mieux de chez eux.
Monique se concentre sur le studio consacré à la décoration intérieure et moi je m’éparpille sur les quatre départements de Tollgård Design Group. En plus du studio, nous avons trois show-rooms, le département du mobilier d’entreprise et la production d’objets design. D’après un de nos clients, Monique serait l’organisée et moi le créatif, mais ce paradigme est plus complexe ! Je pense avec les images, et pour elle, ce sont les mots. Nous voyons le monde de manière distincte et interagissons différemment. Être complémentaires nous aide. On partage nos forces et aussi… nos faiblesses.
Entendre un client dire que nous avons changé sa vie. Ou de m’apercevoir que notre équipe de talents est influente dans son domaine et qu’après 18 ans de carrière, nous sommes toujours en train de grandir et d’apprendre. Mais la famille est de loin ce qu’il y a de plus important pour nous.
J’en attends encore plus que d’habitude ! Le temps a passé alors on ose imaginer une révolution de notre industrie plutôt qu’une évolution. Je suis heureux de faire une nouvelle fois partie de cette bourdonnante communauté créative et collaborative. Je me souviens de ma première venue en septembre 2004 avec mon premier patron, Rabih Hage. L’expérience, restée gravée en moi, est ravivée à chacune de mes visites au salon Maison&Objet Paris. Dès que je me rapproche de Paris, mon excitation se manifeste immanquablement.
Je suis à la recherche de l’héritage du futur : la pièce iconique qui survivra à toutes les tendances. Je me suis aperçu que ce n’est pas forcément celle qui m’attire immédiatement qui devient la plus importante par la suite. C'est celle qui me revient sans cesse à l’esprit. C’est facile de se perdre chez vous, et de rater un trésor dans un coin. Alors je marche, selon une grille logique, je prends des photos, note des détails. À la fin de la journée, je mets tout au propre devant un cocktail bien mérité et je partage avec l'équipe. Monique trouve ma méthode brutale, elle qui déambule dans les allées en discutant, qui prend le temps de beaucoup échanger.
La seule tendance qui m’intéresse c’est le durable. Finalement, c’est ce qu’il y a de plus opposé à une tendance ! La décoration ne doit pas suivre le rythme de la mode, on ne se meuble pas en fonction d’une saison. Il faut tenter de s’en tenir à l’essence des choses, pas à l’air du temps.
Physique. Nous avons ouvert des show-rooms au moment où tout le monde misait sur internet. Le design valorise l’humain donc il y aura toujours une place pour les créateurs, les artisans. Le fait que Maison&Objet Paris reste un salon physique me conforte dans l’idée que nous avons besoin de tous nos sens pour appréhender le monde. Je pense aussi que l’architecture d’intérieur, domaine généraliste par nature, va évoluer vers plus de spécialisations. Plutôt que de connaître un petit peu de chaque discipline, il faudra se démarquer par son expertise. Au fur et à mesure que je progresse, je me sens plus à l’aise avec un éventail restreint de valeurs et d’intérêts.