Directeur du Musée des Arts Décoratifs de Paris Conservateur et historien d’art, il est aussi le commissaire de l’exposition Luxes qui rouvrira ses portes le 15 décembre. En attendant, c’est son bureau qu’il nous fait visiter…
Self-portrait. Nous demandons à des pros du monde de l’art de vivre, de la culture et de la communication de se raconter en six images. Munis de leur smartphone ils se prennent au jeu et nous font découvrir les petits riens qui les font vibrer. Bienvenue dans leur jardin secret.
« C’est un fait que je travaille beaucoup et partout, à Paris, à la campagne, à l’étranger, et que je fais partie de ces personnes qui ont la chance d’avoir un métier qui s’enrichit, à chaque heure, d’une rencontre, d’un livre, d’une visite d’exposition ou d’atelier, d’un voyage, d’une simple flânerie. Je passe beaucoup de temps dans mon bureau au Musée des Arts Décoratifs, rue de Rivoli, sous les toits, une fenêtre donnant sur le jardin du Carrousel, un lieu plus vraiment neutre après sept années passées au musée, un lieu que je me suis approprié (trop ?), un bureau de Jean Prouvé provenant de nos réserves, un grand dessin de Benjamin Graindorge qui m’appartient, et des centaines de livres. Comme chez moi d’ailleurs, où les livres dialoguent avec les objets, la maison étant devenu un nouveau bureau depuis le printemps dernier… »
Un coup de cœur
« À mes yeux, Shiro Kuramata (1934-1991) est l’un des designers majeurs de notre époque, une personnalité qui me fascine totalement, chacun de ses objets, de ses pièces de mobilier est une ode à la poésie et offre une originalité irréductible à aucune autre inspiration. J’aime sa complicité affectueuse avec Issey Miyake. J’aurais rêvé le rencontrer. Ce soliflore est autant une sculpture qu’un objet de design, il ne cesse de me fasciner, à dire vrai j’y dépose rarement une fleur, il se suffit à lui-même. »
Un objet utile
« Objet futile/objet utile : l’un pourrait se substituer à l’autre. Pour moi rien n’est vraiment futile quand on parle d’objet, les deux objets ici pourraient être inversés comme catégories, et ce sont deux objets qui m’accompagnent et que j’aime. Alors on pourrait dire que le ce fauteuil Bear dessiné par Pierre Yovanovitch est mon objet utile, j’y passe des heures à lire, l’une de mes activités favorites, mêlant le travail et le plaisir, indissociables. J’aime les objets que Pierre dessine, son respect et sa passion pour les artisans de premier ordre, son sens de l’allure et du confort, écrire sur lui a été un bonheur ! »
Un objet futile
« Je ne sais pas si cette lampe est un objet futile, mais cette Belle de jour d’Ymer&Malta et Océane Delain est un geste de liberté, de légèreté et de fidélité, un bijou de la collection Akari Unfolded qui avait été exposée au musée Noguchi à New York. Le mot « futile » est très dur en français, il renvoie à peu de valeur, à ce qui est inconséquent. Mais en latin, il est rattaché à futilis, signifiant « ce qui laisse échapper », et c’est nettement plus beau, plus juste, plus fort. Cette lampe laisse échapper de la lumière, de la poésie, de la beauté. Un objet futile, qui serait ici bienveillant et généreux. »
Un porte-bonheur
« Je ne sais si cette petite intaille en verre est un grigri, un porte-bonheur, mais je la prends souvent dans ma poche, ne serait-ce que pour avoir sa beauté à contempler dans une longue journée. Cet Antinoüs dit beaucoup de la culture et de la civilisation. Et puis un jour Joel Arthur Rosenthal, l’incroyable joaillier JAR, l’a glissé dans ma poche, une personne que j’admire et que j’aime infiniment. Un cadeau pour rester soi-même. »
Un souvenir
« Un ami très cher m’a offert, pour mes 40 ans, cette céramique de Jean Roger, un vase tulipière. J’y tiens plus que tout, un objet singulier, indatable, pérenne qui me parle autant d’un certain style d’après-guerre que d’objets nous ramenant à la Hollande du XVIIe siècle. Cet objet a tout pour lui, la beauté, la simplicité, la singularité. »