Architecte d’intérieur et créateur d’objets, Ashiesh Shah pourrait bien passer de collectionneur d’art à artiste. Exposé à la Galerie Nationale d’art moderne de Bombay, sa ville, il considère le salon Maison&Objet, dont il est ambassadeur, comme un voyage artistique et exotique.
Multi-primé, missionné par le gouvernement indien pour participer au programme NITI (National Institution for Transforming India), présentateur sur Fox-Life, critique pour des revues comme Casa Vogue et fondateur, depuis le Covid, d’un fonds d’aide aux designers, on se demande de quel élasthanne le planning d’Ashiesh Shah est fait ! Où trouve-t-il le temps de concevoir de luxueux espaces empreint de philosophie wabi-sabi pour sa clientèle de Very Important Particuliers ? Réponse au téléphone, depuis Mumbai : 4 heures et 30 degrés d’écart avec Paris.
J’ai hâte de voir comment vos équipes et les marques que vous accueillez ont redéfini les usages du luxe dans cette période post-pandémie où l’espace intérieur est devenu encore plus vital, où de nouvelles nécessités élargissent la notion d’habitat. Je suis également impatient d’échanger avec Gauri Khan [productrice et compagne de l’acteur Shahrukh Khan] qui est ambassadrice à mes côtés.
Elles ne semblent pas extravagantes face à cette clientèle. Tout semble normal jusqu’à que j’en parle autour de moi et qu’on éclate de rire. Travailler avec des gens qui excellent dans leur profession me pousse à faire mieux à chaque fois – ceci-dit, je suis comme ça avec tous mes clients ! Je sais qu’un politicien ou une grande styliste a très peu de temps à me consacrer, cette contrainte est aussi un challenge.
Je me suis aperçu que l’Inde n’était pas perçue comme un pays de design. J’ai ressenti le besoin de prouver que mon pays avait du potentiel, surtout dans l’artisanat. C’était il y a quinze ans, les choses ont évolué depuis. Du point de vue technique et esthétique, nous avons beaucoup en commun avec l’Occident, le fait que les Indiens viennent à Maison&Objet et soient de gros acheteurs en est la preuve.
La manière de travailler à la new-yorkaise où tout est rationalisé, même dans le champ de la création. C’est grâce à l’énergie de New York si j’en suis là aujourd’hui. J’y retourne minimum vingt jours par an.
Ma dernière acquisition qui dégage une énergie cosmique : une boule de cristal de l’artiste danois Ólafur Eliasson. Je m’intéresse principalement à l’art contemporain indien. J’adore intégrer des œuvres à mes projets, elles enrichissent l’espace en dialoguant avec le mobilier. Œuvres d’art et meubles complètent leurs histoires respectives.
Je viens depuis dix ans, j’aime la manière dont vous présentez les jeunes talents et j'adore être transporté en Amérique du Sud, en Afrique dans un même espace. Je pense à vous tous les matins parce que j’ai acheté un tapis de Marrakech que l’utilise comme tapis de yoga.
Les tendances sont précieuses dans les grandes lignes, elles sont un excellent indicateur du marché, mais il faut rester attentif aux mouvements plus infimes, aux signaux minuscules qui sont au moins aussi importants.
L’avenir se dessine au jour le jour. Il devient plus durable et local dans sa production.
En plus de mon agence d’architecture, je poursuis la création d’objets dans mon « Atelier » crée en 2017. Lampe, meuble, tapis, céramiques… j’y ai une totale liberté. C’est là que convergent tous mes centres d’intérêt et que l’art devient réalité.