Développement Désirable — Paris | 09-13 septembre 2021
À chaque édition, une nouvelle source d’inspiration, un décryptage de l’air du temps et une analyse des nouveaux comportements de consommation.
Le thème ‘’Développement Désirable’’ permet de souligner l’appétence des consommateurs pour les produits éthiques et les solutions proposées par les marques. C’est moins une tendance qu’un mouvement de fond qu’illustre Maison&Objet et qui semble bien partie pour s’installer dans toutes les maisons !
Bienvenue dans un monde en pleine mutation ! La crise sanitaire a dessiné de nouveaux enjeux : économiques, géopolitiques, identitaires et bien sûr environnementaux. Mais pour Vincent Grégoire, directeur du pôle Trends & Insights de l'agence NellyRodi, un basculement s'opère du « durable » vers le « désirable ». A la déconsommation le décryteur de tendances oppose une alter-consommation. A la dimension moraliste du « durable », il préfère une vision positive de nos changements de comportements. « Il nous faut prendre nos responsabilités avec une énergie vitale qui nous pousse à voir le verre à moitié plein. Agir plutôt que subir. Passons du mode survie au mode en-vie ! ». Cette approche mélioriste (qui tend vers le mieux et non plus vers le « moins pire ») nous reconnecte à nos sens et à nos émotions. Pour Vincent Grégoire, membre permanent de l'Observatoire de Maison&Objet, sérénité, spiritualité, solidarité, durabilité... sont les grandes tendances de demain. Elles s'incarnent dans quatre mouvements de fond.
Confinements et fermetures des frontières ont paradoxalement redonné du charme à la proximité. Une proximité à la mesure du quartier, du « coin de rue », du « en bas de chez soi », voire du foyer... « Alors que l'on sait voyager à destination de la Lune ou de Mars, ou à l'intérieur du corps humain, nous redécouvrons un environnement moins inaccessible et tout aussi séduisant », explique Vincent Grégoire qui observe de multiples tentatives pour injecter dans l'espace urbain une nouvelle qualité de vie. Défendue par un mouvement citoyen, la « ville du ¼ d'heure », en rupture avec la notion de « machine à habiter », rend les services indispensables immédiatement accessibles à tous. Et si les rurbains (contraction de « ruraux » et « urbains ») filent s'installer à la campagne, la ruralité investit la ville à son tour. Grâce notamment à ces fermes-conteneurs qui s'installent sur le parking des hypermarchés. Finie, la globalisation ; le design puise aussi son inspiration dans la street culture, et quand la marque Hermès offre aux skateurs un... Carré Park, c'est un peu de magie qui s'installe sur le pavé. « Le développement désirable passe par un nouveau rapport à l'espace, précise Vincent Grégoire, mais toujours dans une dimension ludique et sympathique ».
Nos cinq sens ont été mis à rude épreuve : anosmie et agueusie (perte de l'odorat et du goût), défense de toucher (sauf si gel hydroalcoolique à proximité), paiement sans contact, digitalisation, virtualisation... « Bientôt des robots fabriqueront nos pizzas, des drones nous les livreront et nous monterons dans des voitures sans chauffeur..., énumère Vincent Grégoire qui constate une « nostalgie du sensible » et une peur grandissante face à l'ultra-présence des machines. Pour résister, nous sommes en quête d'un sixième, voire d'un septième sens, et d'une nouvelle forme de sensibilité. La notion d'hypersensibilité sera fondamentale dans les années à venir ». Déjà révélée dans des récits de vie signés par des célébrités (« Résilience » d'Ophélie Winter...), cette « nouvelle sensibilité », proche de la spiritualité, nous rend plus attentifs aux personnalités dotées de sens « différents » : autistes, HPI (haut potentiel intellectuel), personnes guéries du cancer, anciens drogués... dont la fréquentation se révèle enrichissante. « Un phénomène très inclusif », note Vincent Grégoire. Quant aux solutions thérapeutiques et holistiques, elles s'expriment dans des objets de soft tech ou des expériences immersives autour de la couleur et du son, mais aussi dans le développement des boutiques de CBD. Et plus prosaïquement dans de nouvelles gammes de coussins, de fauteuils… ou d'arbres à chat. Car le bien-être de l'animal de compagnie participe de cette reconquête du sensible.
Plus question de consommer sans savoir (traçabilité, origine, composants...) ou de traverser une crise sans comprendre. Pour Vincent Grégoire : « L'éducation sera désormais le nerf de la guerre. C'est un sujet déterminant dans cette désirabilité ». Une éducation qui se révèle sous bien des formes : de la transmission intergénérationnelle à l'engouement pour les ateliers, les conférences (comme les conférences TED ou celles de Maison&Objet), les tutos, le do it yourself... Marques et magasins jouent particulièrement le jeu : ils développent des outils, toujours ludiques, pour éduquer leurs clients, avec des parcours d'escalade sur leurs façades (Uniqlo Park à Yokohama) ou des challenges à affronter pour essayer une nouvelle paire de chaussures (Adidas à Manhattan). La chaîne de magasins de vêtements suédoise Arket a installé à l'entrée d'une de ses boutiques une « table de touché » pour sensibiliser ses clients aux différentes matières textiles. Toutes ces initiatives relèvent de la philosophie mélioriste, une doctrine selon laquelle le monde peut être amélioré par l'effort de l'homme. « C'en est fini de la culture du sans-effort, reprend Vincent Grégoire. La tendance est à l'éducation réciproque ».
Plus besoin d'en baver pour être respectueux et engagé. Et cela vaut pour les consommateurs comme pour les marques, qui adoptent des comportements responsables sans rien perdre de leur « coolitude ». « Il y a énormément de solutions pour mieux consommer sans déconsommer, se réjouit Vincent Grégoire. Le troc, le don, la récupération, la location, le vrac, les charity spaces... Autant de nouveaux modes de recyclage qui n'ont plus rien d'ennuyeux. Tout le monde assume d'aller dans un vide-grenier ou une brocante ». Et dans la gamme des solutions alternatives au « neuf pour le neuf », les bons exemples ne manquent pas. La créatrice de mode Isabel Marant a lancé sa propre plateforme de seconde main, la marque Weston propose un service de « restauration » pour les souliers usagés, le supermarché suédois reTuna ne vend que des objets déjà utilisés... « Je note aussi que les entreprises du luxe se penchent sur la problématique des stocks dormants. Plus question de jeter les coupons ou les échantillons. Certaines les proposent à de petits créateurs qui les remettront dans le circuit ». La pièce personnalisée, unique, où le petit défaut fait la différence (et la fierté de son propriétaire), a la cote. C'est le retour en grâce du savoir-faire et de la valeur temps.
Aujourd’hui, la technologie, la création, le design tracent des pistes vers des possibles enthousiasmants. Pas une marque qui n’utilise des matières recyclées. Les jeunes designers intègrent intuitivement la démarche. Ils sont rejoints par les grands éditeurs. Le luxe, véritable laboratoire d’innovation, ouvre la voie. On assiste au renouveau de l’artisanat et de la production locale.
Suivez le parcours « Sustainable » de Maison&Objet Paris, découvrez la jeune création engagée au fil du parcours « Développement Désirable » de Paris Design Week et prenez date pour la semaine spéciale consacrée à la thématique sur la plateforme digitale MOM.
Rendez-vous sur MOM, du 18 au 24 octobre 2021, pour découvrir les marques qui s’engagent dans la tendance.
Sérénité, spiritualité, solidarité, durabilité… sont les grandes tendances de demain et s’incarnent dans quatre mouvement de fond : Authentic-Proximity, quand la proximité devient désirable ; Super-Sens, développons notre hyper-sensibilité ; Human Touch, valorisons les savoir-faire, et Take Care on Earth, assumons nos responsabilités environnementales.