Conçues en Belgique, et fabriquées en Hongrie, les poteries Domani tracent au jardin des lignes contemporaines, tout en faisant appel à des techniques très anciennes.
Chez Domani, tout est histoire de temps. Dans cette entreprise de poterie pour le jardin, basée en Belgique, les matières naturelles dictent leur éphéméride, tout autant que les techniques employées pour les transformer. Chaque pot est modelé manuellement, avec de l’argile et de l’eau, comme on le fait partout depuis 200 000 ans. La fabrication est installée à Pecs, au sud de la Hongrie, car la ville bénéficie d’une expertise très ancienne en matière de céramique, avec notamment la célèbre manufacture Zsolnay. Le kaolin à la base de la matière est extrait en Allemagne avant d’arriver directement à l’atelier. Les artisans façonnent chaque pièce, imprimant la surface des traces de leurs mains. Elle est ensuite séchée à l’air libre. Après cuisson, le peu d’humidité qu’il lui reste lui garantit une grande résistance au froid. « Nous développons notre propre recette de terracotta, explique Bart Bauweraerts, l’un des fondateurs de la marque. C’est un travail sans fin, car à chaque livraison d’argile, la couleur de la terre peut varier, nous amenant à refaire des essais pour chaque lot afin d’avoir un rendu constant. » D’autres pots sont réalisés avec la technique du Raku (en japonais « cuisson heureuse »), un mode de préparation qui grâce à un choc thermique provoque des craquelures aléatoires à la surface de la matière. Domani s’est aussi spécialisé dans les pièces de grande taille en métal, zinc et acier corten, soudées et façonnées à l’atelier. Là encore, c’est le temps qui, loin de l’endommager, confère au matériau la patine qui le protègera de longues années et l’incorporera dans le paysage. Les lignes géométriques brutes et complexes des créations en acier corten de designers comme Fabian von Spreckelsen ou Vincent Van Duysen, -par ailleurs directeur artistique de Molteni-, transportent le jardin dans un univers ultra contemporain et pourtant organique. « Notre style n’est pas « trendy » détaille Bart Bauweraerts. Nous demandons à nos designers des modèles intemporels pour dix à vingt ans. »
Si aujourd’hui Domani est l’une des rares entreprises à pouvoir fabriquer et concevoir des pièces de grande taille destinées aux projets d’architectes comme aux particuliers, c’est bien le temps encore une fois qui a tracé le chemin. Domani est née en 1992. Au départ, il s’agit d’un simple comptoir d’import/export de poteries de jardin ou d’articles pour fleuristes. Comme toute belle histoire d’entreprenariat, elle débute dans un garage, en Belgique. Bart Bauweraerts n’a aucune connaissance du marché, et pour cause : il vient d’abandonner son métier de boucher « car ce n’était pas aussi glamour que je l’imaginais au départ » sourit-il. Avec Gino Van den Breen, ils décrochent des clients de renommée mondiale, comme le fleuriste français Christian Tortu ou le belge Daniël Ost. Dès 1999, ils exposent à Maison&Objet Paris, section Scènes d’intérieur, et décrochent des clients sur les 5 continents. « Maison&Objet Paris était, et est toujours, la meilleure place pour vendre dans notre secteur. Déjà, les articles en zinc rencontraient un succès immense eu Europe et aux Etats-Unis, se souvient Bart. Nous avons exploré des matériaux comme le polyester qui produisait de beaux effets de transparence. Mais peu à peu, nous nous sommes dirigés vers les matières naturelles. » L’un de leurs principaux fournisseurs d’appelle Terra Ungheria, du belge Pieter Leemans. C’est lui qui a débuté la production de terracotta en Hongrie en 1994. Les deux entreprises unissent leurs forces et fusionnent en 2012. C’est le trio parfait : Bart maîtrise les ventes et le marketing, Gino les finances et la logistique, Pieter la production et son budget. Au fil du temps, la métallerie a rejoint la poterie dans l’atelier. Les artisans sont formés au sein de l’entreprise. Les trois compères sont en constante recherche de nouveaux matériaux, naturels et intemporels pour tracer des lignes graphiques entre design et jardin. Ils ont le temps avec eux.
Par Caroline Tossan
Illustration © Sarah Bouillaud