La génération de 25-35 ans qui a grandi avec les jeux vidéo n’a jamais rangé ses jouets. Un état d’esprit en mode « Play » qui gagne toute la société, à tous les âges, à tout moment. Alors, à quoi on joue ?
Les adultes sont de grands enfants, il n’y a que le prix des jouets qui changent. Les invraisemblables tables de billards ou baby-foot de la marque Teckell confirment ce point de vue souvent énoncé. Leur transparence est tout aussi spectaculaire que leur prix. Il tient autant à la qualité des matériaux qu’au travail des artisans qui réussissent à assembler métaux, alliages parfois précieux et verre trempé pour réaliser ces objets d’exception. Roulette, gamelle, la partie peut s’emballer sans risque : leur fragilité n’est qu’apparente. Chez Neo Legend, les consoles de salon n’ont jamais aussi bien porté leur nom quand la borne d’arcade est transformée en table basse. Son look est personnalisable. Le « retrogamming » s’installe face au canapé et on prend le café avec Pac-Man.
« Les valeurs intrinsèques du jeu plaident pourtant à elles seules pour que l’on s’amuse à tout âge et partout. Il favorise la sociabilité, la créativité »
Cette volonté partagée par ces éditeurs d’appliquer aux jeux et jouets des codes plus « adultes » autorise sans doute à retomber en enfance sans culpabiliser ni perdre de sa crédibilité. Les tables de ping-pong de RS Barcelona pratiquent un double jeu et se transforment en très convaincantes tables de réunion. On passe ainsi du mode concertation/concentration au mode décompression en un rien de temps tout en conservant l’esprit d’équipe. Les valeurs intrinsèques du jeu plaident pourtant à elles seules pour que l’on s’amuse à tout âge et partout. Il favorise la sociabilité, la créativité.
Les jeux de plateaux, les jeux de société ont un statut un peu à part. Ils font appel à la réflexion, à la stratégie, ce sont des jeux de « grands ». Toutes les générations y jouent, depuis toujours. Dans le fond, les règles ne changent pas. Dans la forme, on peut choisir les cartes Bauhaus de la maison Cinq Point, imaginées par le Studio graphique parisien Cheeri. Elles utilisent les codes et les couleurs de la célèbre École de Weimar dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Chez Wild and Wolf, les jeux de Ridley’s Games, même récents, ont un petit look rétro, avec des références aux années 50, 60 ou 70 qui annoncent la couleur : on ne s’ennuie jamais.
La créativité s’exerce à tout âge. Le blog de mt-masking tape peut déclencher une frénésie décorative et colorée. Il faut dire que les possibilités offertes par les rubans adhésifs en papier washi de la marque japonaise semblent infinies. Et leur utilisation est si simple.
Presque aussi simple que celle des t-shirts d’Illuminated Apparel. Il suffit de tracer sur le vêtement des motifs avec de la lumière – celle de son smartphone par exemple – et le message ou le dessin apparait, lumineux, pendant 5 minutes. De quoi rendre le team building ou la fête d’anniversaire… brillants.
Les grands n’ont pas confisqué tous les jouets des petits, mais la tentation est grande. Les pièces de bois colorées que l’on assemble sur une tige pour reconstituer un petit totem à tête de lapin conçu par Petit Collage forment un joli objet, très déco. Les jouets japonais de Kiko +&gg* ou ceux de Londji, installé en Espagne, séduisent de la même façon, par leurs matériaux, leur design, leur jouabilité, aussi bien les enfants que les parents. Les premiers s’amusent avec les coureurs cyclistes de Bernard & Eddy, les seconds, fans de cyclisme, se souviennent de Hinault et Merckx et rêvent d’échappées fantastiques sur le Tour de France en regardant simplement les figurines posées sur leurs bureaux. S’évader, ne serait-ce qu’un instant, c’est aussi une des qualités du jeu.
Par Marie Montuir