Virtuel, le numérique a des effets bien réels sur les lieux de travail, de loisirs, de vie. Petit guide pour se repérer dans des espaces désormais multifonctionnels.
Métro, boulot, dodo. La vie de l’urbain moyen était autrefois très balisée et les frontières entre ses activités délimitées en dur par les murs des immeubles de bureaux. C’était un temps que les millennials ne peuvent pas connaitre, eux qui naviguent avec aisance et en trottinette électrique entre ces espaces dont les codes sont de plus en plus brouillés, mélangés : hybrides.
Canapés moelleux, fauteuils en rotin, plantes vertes à profusion, couleurs douces et papiers peints créatifs, hamacs et chaises de jardin… Ici, contrairement aux apparences, on bosse. Ce n’est pas forcément le message que renvoie le décor, mais le nom ne laisse aucun doute. Morning Coworking est bien l’un des leaders parisiens des espaces de travail partagés et connectés. Pour le bien-être des usagers, le haut-débit est associé à une déco « comme à la maison ». Cosy. Porte de Clichy, la dernière acquisition de l’enseigne propose même pour des événements un espace de 450 m² baptisé « l’appart ».
Loft chic ou lobby d’hôtel ? Kwerk, autre grand nom du co-working, se distingue par une élégance confortable, une touche plus arty, des matières nobles, des couleurs feutrées et un concept : le « wellworking ». Il passe autant par les salles de sport qui équipent ces espaces, que par le décor, très pensé. L’hybridation concerne aussi bien les usages que le mobilier.
Objets déco dans un esprit Pols Potten, luminaires industriels comme les lampes Gras de DCW, étagères et assises en bois clair façon Hartô, déclinaison de canapés à la manière de Normann Copenhagen, tapis arty ou colorés empruntés à l’univers de Toulemonde Bochart… font déjà partie du vocabulaire décoratif de ces espaces hybrides. Les pièces intemporelles et colorées de USM, qui naviguaient déjà entre l’univers de l’entreprise et celui de la maison, rejoignent dans ces espaces des produits hybrides d’autres acteurs du secteur du mobilier de bureau. Ce sont des assises modulables comme les cubes Pixel de Bene, destinés aux espaces collaboratifs, ou des celles aux courbes rassurantes de Kinnarps.
Les références à l’univers domestique sont plus ou moins présentes dans les espaces de co-working, mais incontournables. Elles viennent adoucir ces lieux ultra-connectés et expriment la volonté de travailler autrement.
Effet de mode le co-working ? Durant ces quatre dernières années, le pourcentage des salariés qui utilise ces espaces est passé de 15 à 38 %, avec des chiffres encore plus élevés pour les cadres (51 %) et les millennials (61 %)*. Ces lieux sont appelés à se multiplier avec le développement du télétravail, des missions et contrats courts ou l’arrivée des slasheurs. Face à la concurrence, il leur faut se démarquer. La déco est un facteur clé de différenciation.
Il y a encore une réception et c’est bien un hôtel, joliment décoré par les talentueuses Daphné Desjeux et Dorothée Delaye. En revanche, le nom sympathique, Bob, est l’acronyme de « Business on board ». Dans le lobby, la bibliothèque, le patio, les bureaux sont informels. Il faut atteindre le sous-sol et la salle de réunion modulable pour retrouver des codes et un mobilier plus proche du bureau… que l’on pourra quitter pour un soin au spa. C’est compris dans l’offre pour les clients « free workers » – et c’est certainement très bon pour la concentration et la créativité !
L’enseigne installée dans la 14e arrondissement parisien n’est pas la seule à accueillir ainsi les citadins, travailleurs indépendants ou co-workers : les hôtels the Hoxton, Citizen M, Okko… offrent aussi les connections et les espaces nécessaires à leur activité. « Dans les années à venir, l’hôtel va se développer en lieu de travail de plus en plus efficace », prédit Olivier Saguez, pdg de l’agence de design Saguez & Partners.
Ambiance silencieuse et studieuse, confort, services : le travailleur nomade goûte déjà aux avantages de ces établissements hôteliers qui ont tout à y gagner. En investissant ces parties communes sous utilisées, les locaux laborieux rentabilisent ces précieux m².