Où l’on découvre que le meilleur pâtissier du monde est aussi un passionné de design…
En matière de pâtisserie, Pierre Hermé est ce que Picasso était à la peinture : la référence absolue. Insatiable explorateur de saveurs, cet Alsacien de naissance a littéralement révolutionné le monde du gâteau, créant de véritables chefs d’œuvre pâtissiers comme le mythique Ispahan, qui célèbre les noces de la framboise, du litchi et de la rose. Mais mû par une curiosité dévorante, le grand Pierre ne s’en tient pas à ses classiques, et continue d’épater nos papilles. Ainsi, pour sa collection automne-hiver 2018-2019, il distille les notes du thé Pu Erh ou de la lie de saké dans de fins macarons, tandis qu’il marie herbes fraîches et aiguilles de pin pour parfumer ses bûches de Noël, dont certaines se loveront dans une résille signée Marjorie Colas, la dentellière du papier. Car s’il vénère le « bon », Hermé chérit aussi le « beau », en témoigne l’une de ses premières créations, en 1993 : La Cerise Sur le Gâteau, une gourmandise aux lignes pures, carrossée par le designer irlandais Yan Pennor’s. Depuis, le roi des pâtissiers a imaginé des myriades de douceurs aussi belles que délicieuses.
S’il dessine toujours lui-même ses gâteaux d’un coup de crayon très expert, cet architecte du goût, comme il se définit parfois, n’aime rien tant qu’échanger avec artistes et designers. De ces dialogues fructueux sont nés, entre mille autres choses, des ustensiles de service profilés par Matali Crasset pour Alessi ou par Patrick Jouin pour Puyforcat, des packagings illustrés par Nicolas Vial ou encore des fèves de galettes des rois dessinées par le sculpteur Bernar Venet en personne ! Quant à ses boutiques, elles sont depuis la première heure des écrins somptueusement stylisés, sublimant les pâtisseries.
S’il est aujourd’hui à la tête de dizaines de points de vente dans douze pays, Pierre Hermé, qui fait travailler 700 personnes, voue une affection toute particulière au 86Champs, ouvert avec L’Occitane fin 2017 sur les Champs-Elysées. Cet espace, conçu par l’architecte Laura Gonzalez, bouscule de façon inédite les codes de la beauté et de la gourmandise… De quoi satisfaire l’esthète collectionneur que Pierre est devenu au fil du temps. Chez lui se côtoient un rocking chair de Charles & Ray Eames, une commode de Raymond Loewy, un sofa Victoria & Albert de Ron Arad… Son premier achat coup de cœur remonte à plus de vingt-cinq ans. Il s’agit du lampadaire « Soudain le sol trembla », de Philippe Starck, qui trône toujours dans son salon. Un objet culte pour un pâtissier qui ne l’est pas moins.
Par Catherine Roig
Samedi 07 Sept. 2019 — 16:00
Le bon et le beau : une histoire de goût(s)