Nina Magon est une star du design intérieur aux Etats-Unis. Ambassadrice de Maison&Objet dans son pays, elle revient sur son parcours aux allures de success story.
Le CV de Nina Magon joue les grands écarts avec maestria. Née au Canada, elle a grandi à Houston, dans une famille d’origine Indienne. Diplômée en économie et finance, elle a enchaîné avec des études de design et architecture intérieure. Son studio s’est hissé au firmament du luxe. Basée à Houston et à San-Francisco, son équipe conçoit des résidences privées, des boutiques, des hôtels et des restaurants. Ses chantiers peuvent atteindre des budgets jusqu’à deux-cent millions de dollars. Elle publiait cette année Evoke –Monacceli Press–, une monographie où cette fan de mode résume sa philosophie du glamour.
Quand j’étudiais l’économie, je ne savais même pas que le design intérieur existait. J’étais passionnée par la mode. Après mon diplôme, j’ai ouvert une boutique de lingerie de luxe, très chère, très exclusive. Je voulais concurrencer Victoria’s Secret ! Je me suis vite aperçue que ce que je préférais était d’aménager ma boutique. C’est ainsi que je me suis tournée vers l’architecture d’intérieur. Mes études d’économie m’ont énormément aidée dans le développement de mon business.
J’ai voyagé dans le monde entier, Londres, Dubaï, partout en Europe, la Turquie, Hong Kong… Mais le pays qui me touche le plus est l’Inde, où sont mes racines. La culture y est si profonde, si différente, si colorée. J’aime l’opulence de la mode, de l’architecture, jusque dans la façon de se marier. Même la cuisine y est exubérante.
Ici tout est démesuré !
Ils viennent de Corée, de Chine, de Colombie, d’Afrique. Chacun apporte une vision différente de ce que peut être le luxe dans chaque culture, le goût des couleurs, ce qui paraît moderne. Cette diversité nous permet de nous adapter à chacun de nos clients et de ne jamais offrir la même chose.
J’admire Zaha Hadid. Elle a su s’imposer en tant que femme dans ce métier, elle a fait des vagues. Non seulement parce que rien n’est anguleux dans son dessin, mais aussi parce qu’elle a conçu des architectures que personne n’aurait pu croire réalisables. Il y a aussi Peter Marino. Son travail me stimule. Il manie aussi bien l’opulence que la simplicité.
C’est l’expérience client. Il ne s’agit pas de concevoir juste un beau décor, fonctionnel. Nous mettons l’accent sur les sensations que l’on peut avoir en pénétrant dans un lobby, un restaurant, son parfum, son éclairage, la façon d’accueillir. Nous étudions la sociologie des clients puis nous le matérialisons dans notre design.
Je voudrais créer des ponts entre les deux industries. Dans mon livre, Evoke, je pose au début de chaque chapitre dans la tenue d’un créateur, Versace, Dolde&Gabbana, Chrstian Siriano. Le lancement du livre a eu lieu à New-York durant la Fashion Week. J’ai contacté Balmain pour qu’ils viennent avec leurs mannequins. Par la suite, à Los-Angeles, j’avais aménagé le penthouse du Mandarin Oriental Résidences de Beverly Hills où ils ont présenté leur collection.
J’ai visité le salon pour la première fois en Janvier dernier. J’avoue que j’ai été très, très impressionnée. Le choix y est unique. C’est un salon d’artistes. Tout est façonné par des artisans, les tables, les assiettes, les luminaires. Je me suis rendue en ville à l’exposition Invisible Collection chez Féau Boiseries. Je n’en croyais pas mes yeux. Je reviendrai en septembre plus longuement. En tant qu’ambassadrice de Maison&Objet aux Etats-Unis, je raconterai aux autres designers combien ce salon est incroyable.