Le tremplin Future On Stage offre une rentrée 2024 résiliante et innovante. Les trois meilleurs élèves de cette 5ème édition sont de jeunes lauréats privilégiant des réponses concrètes à des évolutions d’usage avec un côté sociétal militant fort. Des Digital Native Vertical Brands hyper créatives à découvrir sur le pavillon dédié du 5 au 14 septembre.
C’est quoi : Des assises ultra résistantes issues du plastique des rivières.
Made in : Bali
L’histoire de la marque :
Après deux voyages en Indonésie, Kelly, Gary et Sam Bencheghib décident de s’y installer en 2005. « La plage était notre jardin, il nous était insupportable de la voir devenir de plus en plus sale, alors, on a commencé à ramasser les déchets. On ne pensait pas y consacrer notre vie. » raconte Kelly Bencheghib. Étudiants – deux en école de commerce, le troisième en formation de documentariste –, ils fondent en 2020 Sungai (« rivière » en malais) Watch pour endiguer la crise de la pollution plastique sur île de Bali qui compte 372 rivières bordées de décharges sauvages. Sur l’archipel, 275 millions d’habitants déversent jusqu’à 14 millions de tonnes de détritus par an dans l’eau.
À 31, 29 et 27 ans aujourd’hui, Kelly, Gary et Sam n’hésitent pas à faire pression sur les principales multinationales à l’origine des déchets.
Depuis quelques mois, la fratrie originaire de la région parisienne, installée désormais par intermittence à Bali, Paris et New York, ouvre la voie à une nouvelle ère de design durable. Elle présente Ombak, une solide assise polie et assemblée artisanalement. « Nous avons mis en place la chaîne de A à Z : collecte, tri, revalorisation, éducation. Nous sommes cent quarante salariés pour la fondation et vingt sur la partie design. » Comment explique-t-elle le succès de leur première création ? « Notre famille baigne dans le milieu du design et de l’architecture. Nos parents nous ont élevés dans un appartement showroom avec de beaux meubles et de très beaux objets. Nous avons sans doute été influencés. » La chaise qui a sauvé les eaux : l’histoire qu’elle raconte depuis l’île des Dieux, est déjà une légende. On attend avec impatience la naissance de son frère petit frère en septembre : le tabouret.
L’idée innovante : Plus encore que les barrières filtrantes des cours d’eau qui empêchent les déchets d’atteindre l’océan, c’est leur design qui fait connaître fratrie française dans le monde entier. Ses principaux mécènes sont américains.
Le produit-phare : La chaise Ombak, soigneusement sculptée des artisans à raison d’une par jour. Chacune est composée de 28 à 30 kg de plastique recyclé.
Le coup de buzz : La vidéo d’une virée en canoë sur une rivière jonchée de déchets sensibilise président indonésien qui met en place un programme de sept ans mobilisant sept mille soldats nettoyeurs !
L'INTERVIEW
En quoi Sungai Design est-il révolutionnaire ?
Kelly Bencheghib : Dans nos entrepôts de tri, s’amoncelaient les sacs en plastiques qui ne se recyclent pas en Indonésie. Nous avons trouvé comment les recycler nous-mêmes grâce à la plate-forme hollandaise Precious Plastic. Nous réfléchissions à objet incassable qui pourrait financer nos actions de nettoyage. La chaise s’est imposée, nous l’avons nommée Ombak et elle a reçu un accueil que nous étions loin d’imaginer !
Que préparez-vous pour le pavillon Future On Stage ?
K.B. : Un nouveau coloris, le vert, pour l’Ombak et un tabouret pour que Sungai Design s’immisce plus facilement dans les intérieurs, surtout en occident où les espaces sont plus petits par rapport aux grands maisons indonésiennes.
Et après ?
K.B. : Nous allons engager des collaborations avec des designers en restant le plus ouvert possible, en gagnant en flexibilité. Nous travaillons sur le polystyrène et avons co-produit des sandales en pneu de voiture avec Indosole. Enfin, nous sommes en pourparler avec une université aux États-Unis, donc nous cherchons des façons de rendre notre production plus industrielle pour répondre à la demande !
sungaidesign.com
C’est quoi : Des baignoires et des éviers « œuvres d’art ».
Made in : Buenos Aires
L’histoire de la marque :
Quand elle conçoit sa maison en 2020, Cecilia Garcia Galofre, consultante textile, souhaite créer des espaces de connexion avec le présent. La salle de bains, le lieu le plus intime de l’habitat se révèle propice à cette relaxation mais, en cherchant à la personnaliser au possible, elle ne trouve rien sur le marché local ni international. La salle d’eau étant le parent pauvre de la décoration, Cecilia réalise donc son projet elle-même, rencontre des ingénieurs pour la formulation, des artisans pour le moule et des artistes pour les motifs sur les parois extérieures et intérieures de sa baignoire. « Cela m’a pris tellement de temps, d’argent et d’énergie que je me suis demandée que faire de cette petite usine que j’avais sous la main ! » Après deux ans de développement produit pour son propre usage, Cecilia lance Konqrit, pensant, à raison, que d’autres pourraient être intéressés par la démarche.
Comme une curatrice, elle propose des interventions aspirationnelles personnalisables, uniques, sur mesure pour des clients qui désirent pour leur salle de bains une identité aussi forte que pour les autres pièces de la maison. Elle offre ainsi un nouveau souffle à cet espace intime. Une expérience inédite, même sur le segment du luxe. Du petit mobilier en bois agrémente l’usage de ce lieu de détente. Les ébénistes ont appris chez Konqrit à travailler un béton aux matériaux nobles et naturels, polyvalents et durables comme le quartz ou le ciment blanc. Il est désormais possible d’expérimenter une autre idée du bain, le corps immergé, en communion avec le design, l’art et l’artisanat.
L’idée innovante : Un nouveau souffle pour les salles de bains grâce à des baignoires exclusives, signées par des artistes.
Le produit-phare : Les éviers motif black, and white tie die.
Le coup de buzz : Pourtant diplômée d’un NBA business School, Cecilia lance Konqrit sans plan d’avenir, « comme une exploratrice ». Tout est allé vite : les gens ont aimé, sont venus à ses workshop, la presse en parle et elle s’envole pour Milan.
L'INTERVIEW
En quoi Konqrit est-il révolutionnaire ?
Cecilia García Galofre : Aucune marque ne travaille avec des artistes qui interviennent dans un espace aussi privé que la salle de bain. Voir la baignoire de l’extérieur offre une première impression et une fois immergé dans le bain, c’est une autre expérience. Ça, c’est inédit. Mon job dans la mode, m’a appris à avoir de nouvelles idées en permanence. Dans ce milieu, on est toujours en train de courir derrière le changement des saisons qui bouleverse la création tous les six mois. Deux fois par an, tu dois avoir de nouvelles propositions hyper fraîches. Les motifs de mes baignoires évoluent avec l’air du temps.
Que préparez-vous pour le pavillon Future On Stage ?
C. G.-G. : Je vais présenter la baignoire « Inmersión II » décorée par Martin Reyna, un artiste argentin basé à Paris. Je trouve son travail très poétique.
Et après ?
C. G.-G. : Pour l’instant, je travaille principalement en B2C avec des clients en Argentine. J’aimerais étendre mes collaborations avec des artistes et architectes à l'international, améliorer nos capacités de production et la croissance de l'équipe pour soutenir l'augmentation des exportations. J’explore les possibilités d'établir un atelier en Europe car les baignoires ne sont pas facile à transporter ! Nous produisons à la demande pour éviter la surproduction et encourager des pratiques de fabrication et de consommation durables. Nous souhaitons continuer à développer et renforcer nos objectifs avec des initiatives durables et socialement responsables alignées sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), dans le but de contribuer à la préservation de l'environnement et au bien-être des personnes.
konqrit.com
C’est quoi : Des fauteuils stylés qui changent le change le regard des gens.
Made in : Bois-Colombes
L’histoire de la marque :
Paul de Livron est paraplégique depuis un accident d’escalade. « Après une dizaine d’année à chercher ce que j’allais faire de ma vie, j’ai eu un déclic devant une machine de découpe à commande numérique chez un ébéniste. » Il lui paraît tout à coup évident de mettre du beau et du mieux-être dans la vie des personnes en fauteuil. « C'est important de créer des objets qui ressemblent moins à du matériel médical. » Son diplôme d’ingénieur aux Arts et Métiers lui donne des pièces du puzzle mais Paul est autodidacte en travail de la matière et en design. À 32 ans, il a mis au point une technique qui permet de fabriquer les seuls fauteuils roulants en bois au monde, l’assise la plus stylée pour venir chercher sa médaille olympique. La beauté tient au dessin, au façonnage et au symbole. Car deux des fauteuils en bois okoumé contiennent des morceaux de poutres calcinées de Notre Dame de Paris. Miracle, cela change le regard des gens.
Deux marchés sont à développer avec Apollo. Un marché du luxe pour l’Occident : « Un fauteuil pour les grandes occasions car pour l’instant, c’est comme si nous n'avions qu'une paire de chaussures ! » Un marché low tech pour les pays en voie de développement : « Le fauteuil roulant performant est un rêve inaccessible pour beaucoup. À Calcutta, dans un dispensaire créé par mère Teresa, j’ai vu soixante-dix personnes se partager trois gros tanks pour senior. Je compte lancer en productions locales des fauteuils avec lesquels on peut faire n'importe quoi, tous les jours, comme avec un skateboard. » Paul de Livron est sollicité dans de nombreux pays pour offrir aux personnes en situation de handicap la perspective de se réintégrer dans la société.
L’idée innovante : Jusqu’à preuve du contraire, les plus beaux fauteuils roulants au monde.
Le produit-phare : Uniquement des prototypes. Mais leur fabrication requiert des outils simples et se prêteraient à la formation d’une équipe composée de personnes en réinsertion professionnelle ou de travailleurs en situation de handicap.
Le coup de buzz : Paul a offert au Pape François un fauteuil dont les accoudoirs sont des poutres calcinées de Notre Dame de Paris. Depuis, sa Sainteté est parrain du projet.
L'INTERVIEW
En quoi Apollo est-il révolutionnaire ?
Paul de Livron : Les fauteuils en bois avaient disparu depuis les années cinquante au profit des structures métalliques plus adaptées à la production de masse. Aujourd’hui, le bois ouvre la voie à une diversité de designs novateurs illimités. Il est possible de dessiner tout en courbes un style adapté à chaque utilisateur. La plus belle phrase qu'on m’est dite est : « Ça donne presque envie d'être en fauteuil. » Un peu comme ces gens qui portent des lunettes sans correction, comme un accessoire de mode.
Que préparez-vous pour le pavillon Future On Stage ?
P. de L. : Je présenterai Apollo 4, mon nouveau prototype à l’esthétisme peaufiné. J’ai pris de l’expérience en travaillant un bois différent. C’est le premier modèle que je décline en plusieurs exemplaires. Deux seront exposés sur le pavillon avec des affinements personnalisables. L’un est une édition spéciale Jeux paralympiques avec un drapeau français sur le dossier, l’autre est un fauteuil volant avec des ailes sculptées à l’avant comme le dieu Hermès et un plaquage de chêne du Moyen-Age issu de poutres de Notre Dame récupérées sur le chantier de rénovation pour une édition spéciale car 2024 sera marqué par la réouverture de la cathédrale.
Et après ?
P. de L. : Je forme un apprenti qui fabrique son modèle Apollo 4. Je ne me vois pas comme un industriel, mais plutôt comme un bureau d'études en design qui apporte le savoir-faire sur la technique et des démonstrations sur les marchés à créer. Il me faut des appuis pour la production et la commercialisation. Le fauteuil offert au pape était l’illustration que, même au Saint-Siège, les fauteuils médicalisés sont sans esthétique et peu confortables. Je vais aussi lancer les béquilles en bois.
apollo.fr