Née en Islande, californienne d’adoption, l’architecte Gulla Jónsdóttir exprime son talent aux quatre coins de la planète. Maison&Objet Paris est pour elle une étape inspirante qui nourrit ses projets.
Des États-Unis à la Chine en passant par la France, Gulla Jónsdóttir essaime une architecture d’intérieurs, des bâtiments et du mobilier dynamiques, comme emportés par le mouvement, et auxquels elle imprime une même dimension artistique. Après une année de travail à distance depuis son Islande natale, elle a retrouvé ses équipes en Californie et renoue petit à petit avec les voyages pour suivre ses projets. Hôtels en Arabie Saoudite ou à Miami Beach, restaurant et bar à tequila à Seattle, maison à Beverly Hills, pour trouver de nouvelles marques, de nouveaux partenaires pour ces lieux en gestation, elle reviendra bientôt, comme à son habitude, à Maison&Objet.
Elle commence par un café ! J'aimerais dire que je fais ensuite de la méditation, mais non ! Je regarde sur mon téléphone les messages, les échanges WhatsApp et les mails reçus durant la nuit de tous les lieux, sur différents fuseaux horaires, de nos projets. Puis, je prends un deuxième café dans mon patio, en regardant mes arbres. C’est un moment pour réfléchir aux projets avant que le téléphone ne se mette à sonner. Vers 9h30, je retrouve mon équipe pour une journée de travail : dessin, conception, réunions, beaucoup d'appels vidéo. En ce moment, je voyage moins, je prends le temps de vivre un peu et d’être plus disponible pour mes collaborateurs. On travaille dur, mais pour moi, c’est un plaisir, cela fait partie de qui je suis, de ma passion. Récemment, j'ai commencé à concevoir des bijoux inspirés par la nature ou par un précédent projet architectural. Je l'imagine comme une bague en 3D par exemple, sa traduction à une autre échelle.
La géographie et la nature islandaise avec ses plages noires, ses sources d'eau chaude et ses paysages spectaculaires sont profondément ancrées en moi ainsi que la palette de couleurs qui en découle. De la Californie, je retiens le style de vie à Los Angeles, avec le soleil et une vie plus détendue.
Le plus grand est de garder une longueur d'avance. Lorsqu’un hôtel ouvre ses portes, il doit donner l'impression d'être la dernière nouveauté, alors que vous avez commencé à la concevoir 5 ou 7 ans plus tôt. Il faut imaginer quelque chose d'intemporel. C'est un défi que nous aimons relever avec mon équipe et je n’en vois pas d'autres que d'essayer de rester au sommet de son art. Mes clients et leurs hôtes attendent désormais une expérience authentique qui ne se limite pas à l'apparence de ces espaces. Avec mes collaborateurs, nous nous focalisons toujours sur la spécificité du lieu par rapport à sa situation et nous concevons un design pour les cinq sens.
Pour prendre l’exemple d’Esperanza*, un restaurant mexicain à Manhattan Beach, un de nos derniers projets, ce n'est pas un lieu très grand, mais c'est un endroit précieux. Il est inspiré par les dunes de sable sinueuses de Los Cabos au Mexique, les plages et les villages de la mer de Cortez. Le bâtiment, voluptueux, est en plâtre blanc. Je fais des recherches, bien sûr, en rapport avec le concept, et j'ai un vieux carnet de croquis. Le projet commence toujours par le papier et le crayon. Ensuite seulement, viennent la mise en couleurs, les matériaux, la 3D.
Je suis généralement à la recherche de meubles, d'accessoires et d'objets pour mes projets en cours. Je travaille sur un hôtel qui ouvrira dans 3 ou 4 ans, mais je veux voir ce qu’il y a de plus récent sur le marché, en particulier à Paris. J’y trouve de nouvelles marques que je n'avais jamais vues ou dont je n'avais jamais entendu parler avant avec un niveau de qualité que j'apprécie. Au salon, il s'agit d’initier une vraie relation de travail avec des personnes croisées une ou deux fois auparavant. C’est ce qui s’est passé avec Laura Cheung Wolf de Lala Curio, une maison basée à Hong Kong et fabrique notamment de sublimes revêtements muraux. J'ai aussi découvert pour la première fois à Paris une designer islandaise, Anna Thorunn, avec qui j'aimerais collaborer maintenant. Il y a tout le temps des rencontres.