Couverts de prix, les deux architectes canadiens seront en mars au salon Maison&Objet pour un talk exceptionnel revenant sur leur brillante carrière.
Glenn Pushelberg et George Yabu ont créé leur studio d’architecture à Toronto en 1980. Partenaires professionnels, ils le sont aussi dans la vie, et leur influence est reconnue comme l’une des plus importantes au monde. Constitués de plus d’une centaine de collaborateurs, leurs deux bureaux de New-York et Toronto dessinent quelques-uns des hôtels les plus beaux au monde, des restaurants et comptent parmi leurs clients les grands magasins et boutiques les plus luxueux. Ils viennent d’achever le réaménagement du bâtiment Pont Neuf du grand magasin La Samaritaine, à Paris, propriété du groupe LVMH. Lors d’un talk à Maison&Objet, le 28 mars, ils expliqueront comment ils sont passés d’une simple entreprise d’architecture d’intérieur à une conception globale de leur métier, dessinant chaque détail de leur décor.
Glenn Pushelberg : Le temps nous a fait grandir comme un cadeau. Nous avons eu la chance de voyager et de travailler dans le monde entier. Nous avons embrassé tous les horizons, collaboré avec des personnes extraordinaires et ouvertes d’esprit. Les chapitres écrits par notre studio tracent subtilement un chemin qui nous différencie. Nous sommes passés d’une activité de décoration d’intérieur à une entreprise de design, où nous inventons des expériences en concevant l’architecture mais aussi les produits, l’éclairage, les textiles, le stylisme et le graphisme. Nous avons réuni de nombreux talents pour réfléchir à la façon de dessiner un avenir auquel nous adhérons.
George Yabu : La seule chose qui n’a pas changé, mais qui est devenue plus importante, c’est notre mission de transmission ! Comme nous, notre studio a grandi. Notre travail est d’être là pour le soutenir, l’encourager, le mettre au défi de voir grand et de penser de façon authentique. Je pense que c’est là où nous en sommes maintenant, non seulement avec nos équipes de conception, mais aussi notre communauté, nos collaborateurs et nos partenaires. Nous discutons de tous les possibles.
GP: L’industrie du design a traversé une période où elle en faisait trop, où le luxe se mesurait à l’ostentation. Je pense que c’est la raison pour laquelle les gens qui entendent le mot « luxe » lèvent les yeux au ciel. Pourquoi? Parce que la décoration ne traduit pas la compréhension des besoins intrinsèques de l’individu. Le luxe c’est le temps. Le luxe c’est l’amour. Le luxe c’est le confort et le sentiment d’être compris. C’est pourquoi lorsque nous travaillons, nous allons au-delà de la dictature de l’esthétique pour façonner une expérience.
GY: Nous nous laissons inspirer par des personnages imaginaires et nous cherchons toujours à raconter une histoire. Nous nous inventons un scénario. C’est un moyen imparable pour visualiser le contexte et expliquer le design qui en découle. La profusion de meubles ne suffit plus. Chaque décor recèle sa narration. C’est ça le luxe.
GY : Une cage d’escalier est un outil fonctionnel reliant les espaces. Il crée du mouvement pour les usagers ainsi que différents points de vue sur le lieu. Lorsqu’elle est bien exécutée, la cage d’escalier peut servir d’ancrage à un projet. C’est pourquoi nous abordons sa conception comme celle d’une sculpture. Elle est l’occasion d’infuser de l’art dans un espace, de juxtaposer plusieurs dimensions.
GY & GP : La Samaritaine fait cinq étages de haut, il faut donc prendre la main du client tout au long de cette matrice. Il est important d’envisager l’espace de son point de vue, pour qu’il n’éprouve aucune lassitude. Nous l’avons personnifié ici par un flâneur dans Paris. La Samaritaine a une architecture forte, l’équilibre entre l’ancien et le moderne fonctionne de façon très délicate. Ce n’est pas pompeux. Les allées ne sont pas démesurées, la surface des étages n’est pas immense, créant un lien intime entre le produit et la majesté du bâtiment. Vous vous sentez à l’aise dans la modernité de ce décor.