Pour les 25 ans de MAISON&OBJET, Ramy Fischler explore avec un dispositif fictionnel original un futur transformé par les mutations sociétales et technologiques.
Les seuls objets que j’utilise, ce sont le smartphone pour communiquer et l’IPad pour dessiner. C’est tout. Mais j’ai encore des réflexes à l’ancienne. Pour les plans, je réclame des calques, parce que je travaillais comme ça chez Patrick Jouin. J’aime être de cette génération entre deux mondes qui doit savoir utiliser les nouvelles technologies et les questionner, ce que les jeunes générations ne savent pas toujours faire.
« Je suis moi-même un prototype de cet être en devenir qui vit les mutations »
Je trouve cette charnière très nourrissante. Mais ce qui me permet d’être très actuel et contemporain, c’est de changer de métier 4 ou 5 fois dans la journée. Je suis designer tout le temps, mais je fais sans cesse des sauts d’univers et de posture selon le client, le projet, les gens à qui je parle, passant par exemple du dessin d’une table à un projet urbanistique avec un maire ou un sociologue. J’expérimente cette idée, très « millenial », qu’aujourd’hui, pour exercer un métier, il ne faut pas rester enfermé dans un modèle.
Je suis sensible à ces questions qui font le quotidien de notre studio parce que je suis moi-même un prototype de cet être en devenir qui vit les mutations.
Pour les transports par exemple, je suis beaucoup sur mon scooter électrique. Je dois être le plus gros client de Cityscoot ! C’est comme ça que j’aime vivre, avec des objets qui ne m’appartiennent pas, que je peux laisser où je veux, qui ne polluent pas… Ma femme est norvégienne, et en Norvège, nous sommes copropriétaires d’un pool d’un millier de voitures. C’est comme une location, mais on peut dire « c’est ma voiture » et on en prend plus soin.
Ce qui me manque, c’est la mémoire. Le futur du smartphone pourrait être comme une greffe d’un nouveau cerveau. Je suis sûr que la place de l’humain est dans la créativité et les idées, alors je n’ai aucune crainte d’être augmenté par des objets qui me permettent de mémoriser une énorme quantité d’informations. Ça et faire disparaître les câbles électriques. Les fils partout, ça me rend dingue !
Par Marie Montuir