Visite dans l’atelier de Pierre Charpin, où le designer de l’année 2017 a conçu le tote bag collector de MOM distribué lors de la prochaine édition de MAISON&OBJET.
Sur le tissu rouge du tote-bag MOM se détachent des lignes géométriques convergeantes : « c’est la métaphore d’un salon, où les trajectoires des gens se croisent » dit Pierre Charpin. Des lignes, des arabesques, des points, des formes épurées, il y en a de toutes sortes sur les murs de l’atelier de Pierre Charpin. A l’encre de chine, au feutre, en lithographie. Il y a aussi des objets usuels aux contours élémentaires, panier, louche ou passoire, comme autant d’exemples de beauté subtile au quotidien. Sur ces pans d’inspiration, on trouve quelques photos, parmi lesquelles celle de Marc Charpin, le père, sculpteur, graveur et lithographe, qui occupa longtemps cet atelier d’artiste à Ivry, en banlieue parisienne. Il y a aussi les petites tapisseries délicates tissées par sa mère, Carmen, tapissière de haute lice.
L’atelier, l’immeuble, le quartier, la ville, l’environnement est tellement fort dans son architecture qu’il ne peut être neutre dans le travail de Pierre Charpin. Ivry fait partie de ces villes nouvelles où des architectes, tel Jean Renaudie, militants et utopistes, ont fait sortir de terre durant les trente glorieuses des immeubles en forme d’étoiles et redessiné le centre-ville autrement qu’en traçant des lignes droites et perpendiculaires. « Mes parents étaient tous les deux artistes et fréquentaient ces personnes très habitées de convictions, c’était effectivement pour moi une sorte d’éducation indirecte ». Marc Charpin a aussi appris à son fils qu’être artiste, c’est venir tous les jours à l’atelier. « Une idée ne fait pas une œuvre. L’art est un travail, il faut le faire avec passion et engagement. Alors je suis ici tous les jours ». Artiste ou designer, faut-il réellement choisir ? L’ancien élève des Beaux-arts de Bourges, plasticien avant d’être designer, dessine encore tout au départ à la main. « Quand j’étais élève en école d’art, je considérais le design comme de la simple ingénierie sans aspect artistique. Ce n’est qu’en rencontrant le design italien que mon regard a changé, j’ai commencé à m’intéresser à l’objet, à la fonction et à la forme. »
Pierre Charpin a travaillé à Milan dans le studio de George Sowden, l’une des fondateurs, avec Ettore Sottsass du groupe Memphis. Il en reste peut-être un travail essentiel de la couleur, pensée en même temps que le dessin de départ. En ce moment, Pierre Charpin achève une collection complète dessinée pour la Cristallerie de Saint Louis, verres, carafes, coupes, flacons, mais aussi luminaires. Enfin il prépare pour le printemps une vaste exposition personnelle dans sa galerie fétiche, la galerie Kreo, à Paris, qui édite ses créations en précieuses séries limitées.
« C’est la métaphore d’un salon, où les trajectoires des gens se croisent »