Il y a deux ans, Margaux Keller créait une marque à son nom. Designer, architecte d’intérieur et éditrice, ses créations ont le parfum du sud, made in Marseille.
Sous le soleil de Marseille, depuis huit ans, Margaux Keller y a installé son studio et se laisse inspirer par le Midi et la Méditerranée. Ses collections de meubles et d’accessoires chantent la musique de la cité Phocéenne, exhalent son parfum, réfléchissent sa lumière. « Marseille est une ville solaire, où il fait bon vivre, elle m’apaise et m’inspire » reconnaît-elle. Au catalogue de Margaux Keller Collections, on trouve un fauteuil de petite taille, tout en rondeurs et raffinement. Elle l’a baptisé « Galinette », un petit nom charmant qui, là-bas, désigne avec affection les petites filles, littéralement les « petites poulettes ». Sa dernière collection se nomme « Paradis Perdus » : « une référence à ce Sud qui est un Eldorado pour moi, le monde de l’enfance, les maisons de vacances gravées dans ma mémoire. C’est aussi un paysage onirique, un voyage mental à défaut de pouvoir prendre l’avion », détaille celle qui a relu les livres de Marcel Proust pendant le confinement.
Margaux Keller est diplômée en design et architecture intérieure - ENSAAMA Olivier de Serres -, et de l’école Boule. Ce brillant itinéraire l’a fait débuter au studio de Philippe Stark, où elle côtoya Eugeni Quitllet, puis à la Fabrica, le centre de recherche de Benetton à Trévise, en Italie, où elle travailla sous la direction de Sam Baron. En 2012, c’est vers Marseille, où elle a de nombreuses attaches familiales, qu’elle est irrésistiblement attirée. « J’ai adoré Paris. Mais après une année en Italie où j’avais goûté à la Dolce Vita, à l’aperitivo, au Spritz et aux tramezzini, c’était difficile de revenir à la grisaille parisienne. » De son port d’attache elle signe pour Habitat, Roche-Bobois, MADE.com, SIA Home, CFOC (Compagnie Française de l’Orient et de la Chine) et la jeune garde des éditeurs Bibelo et Ooumm.
Dans son parcours, Margaux Keller a aussi créé des flacons de parfum pour Cartier, Saint Laurent, Dior. Pour la première fois, la designeuse vient de concevoir son propre parfum d’intérieur. « C’est un parfum pour chez soi pensé comme un parfum pour soi, dit-elle. Avec le « nez » Marie-Caroline Symard, nous avons encapsulé des souvenirs. J’ai adoré cette approche très créative qui raconte une histoire.» Dans le jus, elle a mis l’iode de la calanque de Sormiou, et la note résineuse des pins sur les rochers. Le flacon est une ode à l’artisanat, comme tout ce qu’elle crée. Le flacon est soufflé en Italie, la collerette en chêne est foncée au brou de noix, le dessus est découpé dans de l’acétate végétal bio-sourcé. Tout est façonné et assemblé dans un Fab-Lab du centre de Marseille, un tiers lieu numérique de fabrication artisanale.
Margaux Keller n’a pas seulement encapsulé ses souvenirs dans son parfum. Elle y a mis toute sa philosophie. Les courbes de ses dessins. Une fabrication manuelle très pointue, locale, parfois ancestrale. Depuis un moment, la jeune femme de 34 ans interroge son métier de designer, et d’éditeur, dans un monde qui subit une production de biens exponentielle. Sa réponse est d’adopter un mode de fabrication éthique et écologique : circuits courts, production dans de petites structures, éditions limitées. Les petits objets sont emballés à la japonaise, dans des foulards, les Furoshikis. Les meubles et accessoires de Margaux Keller Collections sont pour l’instant vendus uniquement en direct sur le web, ou via des expositions temporaires, en présence de la créatrice et des fabricants, car l’artisanat a un coût. Ce système lui procure aussi une grande liberté. Enfin, chez Margaux Keller, on trouve aussi une forte dose d’émotion, le véritable moteur du design, selon elle, en plus de la forme et de la fonction. « La poésie et l’émotion procurées justifient que les gens gardent longtemps nos objets et vont les transmettre. Il en va de notre conscience éthique. »