En 2020, le concours des Ateliers d'Art de France a fait sa tournée des régions françaises. Sur le podium, des artisans d'art qui magnifient les savoir-faire.
Ils sont céramistes, verriers, ébénistes, luthiers, laqueurs... et implantés sur tout le territoire français. Parfois à bonne distance des villes qu'ils ont quittées pour ouvrir de grands ateliers dans des paysages inspirants. Parfois héritiers du savoir-faire dominant de leur région, comme la dentelle dans les Hauts-de-France. Certains sont soucieux de sauver de l'oubli un savoir-faire ancien, d'autres réinventent une technique à leur manière. À travers les lauréats des sélections régionales, les Ateliers d'Art de France célèbrent la diversité des métiers d'art en France. Créé en 2012, le concours mobilise lors de chaque édition des centaines de candidats sur deux catégories, « Création » et « Patrimoine ». Dans chaque région, un jury désigne un lauréat dans chaque catégorie en jugeant sa création sur son caractère remarquable et la maîtrise du savoir-faire mis en œuvre.
La cuvée 2020 promet ainsi un paravent en laque, une lampe en marqueterie de paille, une viole de gambe inspirée par l'incendie de Notre-Dame, un vase Fragrance en cuivre martelé dont le déséquilibre de la base provoque chez l'observateur un léger sentiment d'inquiétude.« C'est la disparition annoncée d'un savoir-faire ancestral du Tarn qui m'a poussé à m'intéresser à la dinanderie », explique son auteur, Jonathan Soulié. Le lauréat de la région Occitanie (catégorie « Création ») façonne des pièces à partir de feuilles de métal selon la technique traditionnelle du martelage. Comme ses pairs, il privilégie le travail de la main et les outils faits sur mesure. Au point de transformer l'atelier en terrain d'expérimentation... Claire Barbier a gagné le concours de Bretagne avec sa création « Poilue », un bloc sculptural et hybride inspiré par les chaos granitiques de sa région. Cette plasticienne-céramiste, qui sculpte des pièces dans des matières organiques comme la peau de saumon, les recouvre ensuite de poils de chevreuil. Le résultat est troublant. « Je me sens comme une apprentie sorcière ». Dans la catégorie « Patrimoine », les créateurs/restaurateurs mettent un point d'honneur à utiliser les techniques ancestrales, à l'image de Sabine Halm qui pratique la « dentelle de frivolité », une technique intermédiaire entre la dentelle aux fuseaux et la dentelle à l'aiguille. Avec ses navettes en bois fabriquées à l'atelier, elle a réalisé un galon constitué de 200 000 nœuds de fil de soie. Un travail de 800 heures !
« Ce galon rappelle les « barbes » du XIXe siècle que les femmes portaient sur leur chevelure. Mais je suis déterminée à offrir un usage contemporain à cette pratique que je suis la seule à enseigner ».
Chaque lauréat est ensuite accueilli sur un salon d'envergure : Maison&Objet Paris ou le Salon international du patrimoine culturel. Conscients que ce concours leur apporte la reconnaissance de leurs pairs, les lauréats n'en espèrent pas moins supplément de visibilité et retombées médiatiques.
Par Valérie Appert