Avec le rêve d’engager leur génération contre la pollution, les créateurs de Faguo s’aperçoivent avant même de lancer leur première basket, qu’elle aurait une empreinte carbone non négligeable. Comment (re) partir du bon pied et lancer la chaussure du futur ?
Faguo a quitté Paris pour Nantes il y a dix ans, incarne la fair-fashion à la française. Par ses produits d’abord, composés à 80 % de matière recyclée (laine fabriquée à partir de coquilles d’huîtres, caoutchouc issu de vieilles balles de tennis) et dans la vie de l’entreprise avec des employés qui se déplacent à vélo et utilisent des ordinateurs reconditionnés. En 2009, les associés Nicolas Rohr et Frédéric Mugnier pensent réinventer le secteur de la basket au sortir de leur école de commerce. Done! Depuis, entre le textile ou la bagagerie, elle ne représente plus que 35 % du chiffre d’affaires. Quatorze boutiques à Paris, une quarantaine en France et trois cents revendeurs, ce n’est pas énorme en quinze ans car ce qui compte, c’est un développement conforme à leurs valeurs. Ils privilégient le transport en bateau, plantent un arbre à chaque produit acheté et éco-construisent leurs boutiques avec des fournisseurs responsables parfois rencontrés sur Maison&Objet Paris comme Le Pavé® ou Pierre Plume.
Nicolas Rohr : « Nous voulions nous assurer d’émettre le moins de CO2 possible. Nous avons donc commandé un bilan d’émissions carbone prévisionnel. C’était une première, nous en étions fiers. Et… mauvaise surprise. Le transport n’émettait que 10% des émissions, l’informatique moins de 1%, ce qui polluerait serait les produits eux-mêmes ! Il fallait tout revoir. La solution devait passer par les matières issues du recyclage. Il y a quinze ans, ça a été une bataille d’anthologie d’aller, à 22 ans, convaincre les producteurs d’utiliser des déchets. On passait pour des ovnis. »
Nicolas Rohr : « Ce pré-fail sismique s’est tourné en force grâce à une demande initiale très forte dûe au bouche-à-oreille. Notre rencontre avec Fleux a été décisive puisqu’ils nous ont ouvert les portes d’un monde retail où nous avons pu approcher l’univers de la décoration, notamment sur Maison&Objet Paris. C’est sur le salon que nous avons compris que les tendances de l’intérieur influent sur la mode. Aujourd’hui, on s’habille comme on équipe son intérieur, on achète une paire de baskets qui s’accorde avec un plaid, une gourde ou une lampe. On tient beaucoup à l’écosystème Maison&Objet parce qu’il permet de garantir cette harmonie. Nous avons exposé dès la première année. On embrasse la vision de Maison&Objet parce qu'on la partage.
« Penser à l'engagement derrière le design » « Se créer une singularité au-delà du design »
Nicolas Rohr : « Notre contrainte de départ nous a permis d’encourager la consommation responsable de manière ludique. Le plus gros défi n’est pas d’être écolo mais d’être désirable pour que tout le monde consomme avec moins d’impact sans le savoir. Le style est capital, c’est par-là que les clients viennent, ensuite ils sont heureux de porter des vêtements qui émettent entre 40 et 90% de CO2 en moins que les autres marques. Aujourd’hui, le design ne suffit plus, il faut une conscience active grâce à laquelle l’utilisateur se fait plaisir avec du moins mais mieux. »