La responsabilité environnementale du salon ne se limite pas à une organisation toujours plus vertueuse de l’événement. Amplifier les actions de ses partenaires, sensibiliser les acteurs du secteurs, Maison&Objet s’emploie aussi à activer des synergies essentielles.
Komut Studio fabrique du mobilier coloré, joyeux et 100% recyclable à partir d’emballages plastiques 100% recyclés. Repulp se distingue par la revalorisation des écorces d’agrumes et autres déchets de l’industrie du jus de fruits transformés en tasses et bientôt en petit mobilier. La matière première d’Ostrea Design, ce sont les déchets liés à l’ostréiculture. Ces trois jeunes pousses ont en commun d’avoir moins de trois ans et d’avoir été sélectionnées par le jury du 4e appel à projet Future on stage de Maison&Objet. Elles ont toutes, dès leur création, inscrit la circularité dans leur production. Une démarche que ce tremplin met régulièrement en avant.
Visibilité, notoriété, contacts commerciaux, Yann Santerre, fondateur de Gwilen lauréat d’une précédente édition, se félicite de cette exposition privilégiée sur le salon et ses supports de communication. Elle a tenu ses promesses et produit quelques effets secondaires positifs. « Nous avons pu échanger notamment avec les deux autres marques lauréates et partager nos problématiques qui de fait sont assez proches. Nous avons eu des retours très positifs de personnes touchées par notre démarche et ravies de voir que des initiatives en faveur de l’environnement commençaient à émerger », témoigne le fondateur cette jeune entreprise qui transforme les sédiments marins en matériaux pour le design, l'architecture et la construction.
Sur le parcours Sustainable, ce sont des marques plus aguerries mais tout aussi remarquables qui sont identifiées. Bougies fabriquées dans le respect de l’environnement des Grecs de Waks, produits ménagers de Fer à Cheval, linge de lit avec la marque suisse T’ru ou encore lames de parquet en bois issus de forêts gérées durablement de Chêne de l’Est… L’offre est éclectique et hautement recommandable.
Laurence Carr, fondatrice du studio de design éponyme, est reconnue et sollicitée pour son expertise dans l'élaboration d'environnements durables en France comme aux Etats-Unis. Elle assure avec le même engagement la présidence du jury de professionnels qui valide les exposants du parcours. « C’est inspirant et passionnant de constater l'intérêt croissant pour l'adhésion aux normes et certifications durables », s’enthousiasme-t-elle. La réduction des déchets et l'empreinte carbone sont les critères les plus importants. « Nous prenons également en compte l'approvisionnement éthique, le cycle de vie d'un produit, les processus utilisés dans sa création… ». Douze ans après le lancement du Fil vert, sa première version, le parcours prend en compte les récentes évolutions. « Nous constatons un nombre croissant d'éléments technologiques intelligents utilisés de manière créative et efficace », remarque Laurence Carr, faisant écho à la thématique Tech Eden déclinée sur la prochaine session de Maison&Objet.
Voilà trois éditions que Les canaux installent au cœur du salon le mobilier produit par les Alumni de son programme « Booster du mobilier circulaire » lancé en 2019 avec son partenaire Valdélia. L’association accompagne, pour des sessions de 18 mois, une quinzaine de petites et grandes entreprises dans leurs projets liés à l’économie circulaire, de la conception à la commercialisation. L’initiative s’inscrit dans une perspective plus large de structuration de ces productions alternatives dans la filière française de l’ameublement
« On ne travaille qu’à partir de gisement de matières disponibles sous forme de flux et non de stock, des déchets post- consommation ou post-production réguliers dans le temps pour pouvoir produire en série. C’est le principal enjeu et c’est nécessaire pour avoir un vrai impact », fait valoir Léa Collette-Germier, cheffe de projet économie circulaire de cette association impulsée en 2017 par la ville de Paris.
Avec cet objectif en tête, le partenariat avec le salon était une évidence. En janvier, certains espaces de repos seront aménagés avec les meubles issus du programme et la nouvelle « collection » composée de 16 pièces se déploiera sur 65m2 dans une scénographie explicative de la démarche. « J’accueillerai les entreprises avec deux casquettes, poursuit Léa Collette-Germier, celle de commerciale, pour les structures qui veulent se fournir en mobilier, et celle de conseil pour les entreprises qui souhaiteraient intégrer le prochain booster qui sera proposé fin 2024 ». L’association est aussi à même, grâce à son réseau, de connecter les entreprises avec les bonnes opportunités de marché, avec les grands donneurs d’ordre publics ou privés, comme Paris 2024.
42 tonnes, c’est le poids des déchets, voilages, contreplaqué, bois et toutes les chutes de matière du montage ou du démontage du salon, récupérés à la fin de la dernière édition auprès des prestataires et de 500 exposants. Et ce volume ne comprend ni les moquettes, ni les autres rebuts qui sont déjà pris en charge dans un circuit de recyclage.
« C’était plutôt une bonne surprise pour une première expérience », se réjouit Shanti Brun, responsable technique et logistique. Pour mener à bien cette opération, qui sera désormais régulière, Maison&Objet fait appel un prestataire spécialisé. Les « Recycling rangers » de Re’up interviennent avant même l’ouverture et jusqu’au pour sensibiliser les décorateurs et les responsables des stands. Ces derniers font ensuite l’effort de démonter correctement afin que les matières puissent être réutilisables. « Personne n’a envie de jeter. On a des exposants qui nous contactent spontanément », poursuit Shanti Brun. Viparis, gestionnaire du Parc des expositions, met à disposition ensuite un espace de stockage et Re’up peut ainsi créer une zone logistique et organiser la récupération des matériaux par des filières du réemploi solidaire - associations, écoles, artistes… - qui leur donneront une seconde vie. En janvier, aux côtés des Canaux, trois autres organisations démontreront sur le salon la pertinence de l’upcyling en présentant leurs productions : Emmaüs Défi, Fab City et Re’up.
Le réemploi, c’est ce que tous les visiteurs peuvent pratiquer désormais grâce aux porte-badges en carton made in France, sans marquage et réutilisables de session en session qui leur sont maintenant fournis. Un petit geste qui est loin d’être un détail.