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Deco trends / EPV, le code secret de l’excellence française

EPV, le code secret de l’excellence française

Publié le 6 mars 2021 Partagez

EPV - Deco Trends - © Wainbridge

L’excellence française ne se limite pas aux grandes maisons prestigieuses. EPV. Ces trois lettres sont le signe distinctif des artisans et entreprises qui font vivre les savoir-faire et perpétuent une exigence de qualité.

En Normandie, les ateliers Leblon Delienne sculptent des figurines d’icônes de la Pop culture ou les créations de designers et artistes de renom. Dans le Tarn, La Cartablière travaille le cuir et produit des sacs à main, portefeuilles et cartables, une maroquinerie féminine, colorée et pailletée. Laguiole en Aubrac fabrique toujours ces couteaux, typiques depuis 1829, de cette région de l’Aveyron. Dans la Sarthe, la Fonderie Macheret modélise, coule, polit, cisèle… des objets sur mesure en bronze ou en laiton et réalise les luminaires de sa marque Entrelacs. À une cinquantaine de kilomètres de là, les artisans de la Faïencerie de Bourg-Joly font naître de l’argile des objets aux décors peints à la main depuis 1747. Depuis 1982, Cristel produit casseroles, poêles, cocottes ou encore fait-tout aussi beaux que résistants à Fesches-le-Châtel, dans le Doubs. Le point commun entre ces entreprises, installées aux quatre coins de la France et aux productions si diverses ? Le label EPV, Entreprise du patrimoine vivant. 

EPV - Décor peint à la main © Faïencerie de Bourg-Joly - Le Mickey Cosmic, Leblon Delienne en collaboration avec le designer français Thomas Dariel

En 2005, ce label d’État naît d’une volonté politique de porter à l’international l’excellence et la très haute technicité artisanale et industrielle de la France. Quinze ans plus tard, 1 371 entreprises peuvent mettre en avant ces trois lettres, gage d’une qualité irréprochable, dont un bon tiers sont issues du secteur de la maison. Pour cela, elles doivent répondre à trois grands types de critères : la mise en œuvre d’un savoir-faire complexe ou rare reposant sur la maîtrise de techniques de haute technicité ou traditionnelles ; la détention d’un patrimoine économique spécifique - machines, équipements, brevets… - issu de l’expérience manufacturière ; l’attachement à un territoire et une notoriété en France ou à l’international. 
La labélisation EPV a été l’un des premiers objectifs de Paul Macheret lorsqu’avec son plus jeune frère, Yves, il a repris, en 2012, la fonderie familiale créée par Philippe Macheret en 1982. « J’ai dit à mon père, pour toi, c’est l’aboutissement d’un savoir-faire et d’un travail d’exception, et pour nous, c’est l’assurance d’un bel avenir. »
Unique au monde, ce label d’État agit un peu comme le « by appointment of her majesty the Queen » apposé sur les produits du Royaume-Uni, explique-t-il encore. C’est une assurance de qualité et de confiance pour les clients comme pour les fournisseurs, en France comme à l’étranger.  « Le label prend de plus en plus d’importance en fonction des entreprises qu’il agrège, constate Damien Dodane, à la tête de la maison Cristel. Le fait que des maisons comme Lalique ou Hermès soient EPV rejaillit sur toutes les autres, ça leur donne un rayonnement. » 
De fait, « les entreprises EPV ont quasiment toutes une activité à l’export », remarque Anne-Sophie Duroyon-Chavanne, directrice générale de l’Institut national des métiers d’art qui gère ce label dont l’aura s’est étendue : « C’est un gage de reconnaissance dans le BtoB. Les entreprises travaillent beaucoup entre EPV, elles savent que leurs fournisseurs labélisés ont les mêmes exigences de qualité, répondent aux mêmes critères qu’elles. Et de plus en plus, le label est un argument engageant pour les consommateurs. »  

EPV - Les ateliers de la Fonderie Macheret  © Camille Gentil - Faitout de la ligne Castelpro © Cristel

Dans les trois lettres de la dénomination, les termes que désignent les deux premières sont clairs. Le troisième, vivant, mérite quelques explications. « C’est un label de progrès qui n’est pas figé, ce n’est pas une médaille que l’on remet et qu’on accroche. C’est un engagement à conserver son savoir-faire, à le transmettre et à faire en sorte qu’il soit toujours à la hauteur de ce label. », rappelle Paul Macheret.  Son attribution n’a rien de définitif, elle est réévaluée tous les 5 ans par un collège d’experts et de paires. Un critère est essentiel. « L’objectif du label, c’est de préserver mais aussi d’enclencher un principe de transmission de son savoir-faire. Une entreprise qui n’en a pas mis en place n’est pas éligible », explique Anne-Sophie Duroyon-Chavanne.
Un vrai défi tant il est difficile d’attirer les jeunes générations vers ces métiers. Et la démarche demande beaucoup d’investissements. « Dans les EPV, les gens arrivent déjà avec un bagage, mais il faut un temps de formation entre un an et 18 mois pour les former aux spécificités du métier, et parfois jusqu’à 5 ans pour être opérationnels de manière autonome. », renchérit la directrice de l’INMA. 
Pour répondre à cette exigence, les fondeurs EPV ont remis en place, avec les Compagnons du devoir*, un compagnonnage qui n’existait plus dans cette spécialité depuis des dizaines d’années. Ce type d’initiative est favorisé par le réseau qui s’est créé entre les entreprises labélisées EPV. « À la tête de ces maisons, nous sommes aujourd’hui une génération de « quadra » et « quinqua » qui se parlent. Dans la génération précédente, chez les fondeurs, chacun avait sa fibre, ses secrets… Désormais, nous sommes reliés : on se parle, on se donne des infos, des tuyaux parfois, on s’entraide. Parce ce que l’on connaît les spécificités de chacun et que l’on sait que ces gens-là travaillent comme nous, avec la même passion. », s’enthousiasme Paul Macheret.  

EPV - Sac Royale ©La Cartabliére - Collection de couteaux de cuisine ©Laguiole Gourmet

Le terme vivant tient aussi au fait que les critères du label ne sont pas figés - ils ont connu une refonte en 2020 - et qu’ils s’adaptent aux nouvelles exigences de la société, avec par exemple l’entrée d’un critère RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). « Nous sommes de plus en plus sensible à une fabrication en grande partie française et aux valeurs de responsabilité environnementale et sociétale développées par les entreprises », explique Damien Dodane qui vient d’intégrer le comité de sélection. Les EPV ont d’ailleurs bien souvent déjà enclenché une démarche RSE avant même de candidater. « Ce sont des entreprises engagées, leurs dirigeants ont une passion pour leur métier et investissent dans leurs territoires, leurs lieux de production, ils emploient du personnel et font vivre une économie locale. Ils ont souvent mis au point des processus pour valoriser leurs chutes, recycler leurs déchets, sourcer des matériaux traçables… Souvent en listant leurs actions pour répondre aux critères, ils s’aperçoivent qu’ils sont déjà très avancés dans cette démarche. », fait remarquer Anne-Sophie Duroyon-Chavanne.  

Le label EPV s’avère, en tous points, positif et dynamique. Il pousse les entreprises à se surpasser, à assurer la relève, à rester innovantes et solidement implantées. Au-delà de la qualité des produits, il dit clairement aux clients que la relation est fiable et qu’elle pourra être durable. 
« Nous avons un marché historique au Japon depuis 30 ans, avec le même distributeur, raconte Damien Dodane. Dans ce pays très pointilleux sur la qualité et attentif aux savoir-faire, nos partenaires locaux ont été très sensibles à l’obtention du label. Il nous a permis de communiquer avec eux sur tout ce que l’on avait développé. Et nous les avons remerciés car c’est aussi le marché japonais qui nous a aidé aussi à le décrocher. Il nous a fallu répondre à leur très forte exigence. Une exigence, nous avons hissée à l’ensemble de notre production. Ce qui nous a permis d’avoir l’EPV. » 
Vivant donc et vertueux. 

*Compagnons du devoir :  ce mode de formation créé il y a plus de 70 ans en France a été inscrit par l’Unesco sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. 


Par Marie Montuir


Découvrir les marques citées sur MOM
La Cartablière 
Faïencerie de Bourg-Joly 
Cristel 


Juliette de Blegiers, présidente de Leblon Delienne, détaille les étapes qui l’ont menée à la reprise de cet atelier labellisé EPV.
 


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