Il est peintre, designer et maître d’art. Lors de Paris Design Week, il investira l’Hôtel d’Heidelbach, un site méconnu du Musée national des arts asiatiques-Guimet.
Pierre Bonnefille est un amoureux de la nature, chacune de ses créations lui rend hommage. Artiste et maître d’art, il se fait poète quand naissent sous ses mains des œuvres inspirées de ses contemplations. Pour Paris Design Week, le Musée Guimet l’a invité à exposer ses meubles et ses tableaux dans une de ses ailes méconnues : l’hôtel d’Heidelbach, situé avenue d’Iéna, à quelques mètres du Musée National des Arts Asiatiques. Il y a vingt ans, Pierre Bonnefille découvrait l’Asie sur le tard, et cette culture fit immédiatement écho à sa sensibilité. « Il y a là-bas un rapport à la beauté qui me parle, j’y retourne deux à trois fois par an pour des chantiers mais aussi pour nourrir mon inspiration, j’y reste parfois plusieurs semaines, » dit-il. L’Hôtel d’Heidelbach qui expose des paravents chinois en laques de Coromandel dans ses salons classiques et possède un jardin japonais avec son pavillon de Thé, était l’endroit rêvé pour pratiquer une confrontation fertile entre architecture classique, art moderne et mémoires d’Asie. Pierre Bonnefille investira un salon tapissé de boiseries XVIIIème avec une « Meditation Room », une installation circulaire immersive composée de dix grands tableaux de trois mètres sur un mètre cinquante, réalisés spécialement pour l’occasion.
Les « Bronze paintings » sont recouvertes de « Moon gold », un or blanc évoquant les reflets de la lune sur la mer, le geste reproduisant les vibrations de l’eau. Elles seront éclairées d’une lumière calme et froide comme une nuit sereine. «Les visiteurs sont invités à déambuler à l’intérieur et se laisser transporter dans un espace intime pour un temps de méditation en pleine conscience » explique Pierre Bonnefille.
Au fil des salles, le designer montrera des tableaux de la série « Furoshiki » évoquant cette fois l’art ancestral avec lequel les Japonais enveloppent leurs présents dans des tissus noués. La grâce de la gestuelle le fascine, il reproduit les savants pliages en deux dimensions sur ses toiles monochromes à reflets soyeux. Pierre Bonnefille compose lui-même les textures, à base de poussières minérales, calcaires, marbre, terre, pigments naturels et poudres métalliques. Il exposera également de nouveaux meubles, consoles, bibliothèque, table basse et « stools ». Sa série Metamorphosis ambitionne de réinventer des éléments de la nature à partir de la contemplation de cailloux, de mousses et de roches, la surface des meubles reproduit les phénomènes de cristallisation et de minéralisation à l’aide de poudre et de plaques de cuivre. Les modèles Rhizome font écho aux méandres des racines ligneuses des bambous. « Je retrouve dans ces matières et ces couleurs des parallèles avec les textures que j’ai vues en Asie ». Rendez-vous en septembre pour assister à ce dialogue silencieux.