L’exposition Oh My Laine réunira des artisans passionnés et passionnants qui font de la pratique séculaire du tissage une démonstration de modernité.
Caroline Tossan pour Paris Design Week
Avec une appétence toujours plus vive pour les métiers d’art, plusieurs pratiques séculaires se retrouvent de nouveau dans la lumière. Délaissé, noyé dans l’industrialisation, le tissage artisanal de la laine fait partie de celles-ci. Oh My Laine est un programme financé par la filière de la Laine française (LAINAMAC) pour aider les jeunes entreprises qui pratiquent des savoir-faire rares et s’engagent dans une production raisonnée. Ces pépites portées par des passionnés se retrouvent chaque année à Paris Design Week pour exposer le fruit de leur travail. On pourra les voir cette fois dans la Galerie Joseph située 51 rue de Turenne. La délicatesse de leur ouvrage est une illustration du thème choisi cette année, Meta-Sensible : dans un monde en pleine explosion technologique, l’artisanat, avec ses techniques virtuoses, nous ancre dans le réel et une tradition intemporelle rassurante.
Feutre, tapisserie, maille, tuft ou courtepointe, chacun a sa technique. Elle passe toujours par la main, la patience, et un métier d’art. L’Atelier CC Brin de Laine à Aubusson s’est installé dans le berceau de la tapisserie, dont les plus beaux exemplaires sont accrochés depuis des lustres dans les châteaux et les Musées. CC Brin de Laine réalise des collaborations avec des artistes contemporains pour remettre au goût du jour cet art décoratif. Tissage de Sequanie parvient, avec la technique du damassé, à tisser des paysages contemporains d’une précision folle. L’Atelier Le Traon travaille sur un métier à main des laines précieuses pour réaliser des plaids et des écharpes, mais aussi des étoffes pour les coussins ou tapisser les chaises en sur-mesure. On parle ici de tissage artisanal, exécuté par le tisserand « avec le corps, le coeur et l’esprit », qui demande une telle patience que seules une soixantaine de pièces tombent d’un métier chaque année. Claire Salin, ébéniste formée à l’Ecole Boulle, renouvelle le regard sur le tricot en concevant des meubles, canapés ou fauteuils, ornés de panneaux de laine tricotée d’une étonnante modernité. Installée dans le Berry, entre Creuse et Auvergne, elle milite pour une production locale et choisit tout près « le bois quand il est encore arbre, la laine quand elle est encore toison ». Moutons du Limousin, laine de l’Aveyron, race Mérinos d’Arles à la laine incomparable, derrière le travail des tisserands ce sont aussi les élevages qui reprennent vie, et la bio-diversité qui se trouve sauvegardée. Une certaine poésie aussi.