Gwilen, la mer comme avenir

Nous poursuivons notre voyage au sein de la nouvelle génération, engagée et connectée, en explorant une nouvelle illustration du thème Re-Génération, adopté cette année pour les 10 ans de Paris Design Week et pour les 25 ans de Maison&Objet.

Transformer plutôt que créer. C’est la philosophie très écologique de Yann Santerre, jeune architecte et ingénieur diplômé des Ponts et Chaussées. Depuis l’enfance, sur les rives de l’estuaire de la Vilaine, à Muzillac, il observe la noria des engins qui évacuent la vase amoncelée en aval du barrage d’Arzal. Tous les ports connaissent aussi cet envasement, dû à l’absence de courants provoquant des dépôts de sédiments. Pourquoi ne pas exploiter cette ressource disponible partout ?

Chaque année, en France, 50 millions de mètres cube sont ainsi évacués au large. « C’est sans fin, un vrai travail de Shadock » note l’ingénieur. Après ses études couplées d’architecture et d’ingénierie, Yann Santerre observe sur le terrain les volumes énormes de matériaux absorbés par le secteur du bâtiment. Une industrie hautement polluante, responsable de 38% des émissions de CO2 et avalant 35% de la consommation globale d’énergie. Yann Santerre souligne que produire un mètre cube de béton à 1450 degrés rejette 900 kilos de CO2. L’impact sur l’environnement est énorme…

Désormais passionné de matériaux de construction, l’enfant du Morbihan interroge la vase de son estuaire. Et finit par la faire parler. Il parvient à mettre au point une méthode pour solidifier les boues, en s’inspirant de la diagenèse, le processus naturel de durcissement des sédiments. Son procédé n’exige pas de haute température. Le matériau créé a l’avantage de pouvoir être moulé, comme du béton ou du ciment. Il peut être coloré dans la masse, comme les carreaux-ciment. Il accepte les oxydes métalliques. Lors de Paris Design Week, Yann Santerre exposera à la Factory une palette de possibilités offertes par son matériau : tables basses, bureaux, lampes à poser ou à suspendre, carreaux pour crédences en chevrons, carrés, losange. Cet été naîtra le premier atelier Gwilen (du nom du fleuve la Vilaine en Breton) où l’ingénieur et son associé, polytechnicien, testeront d’autres formats, comme autant d’alternatives aux matériaux de construction énergivores pour le second oeuvre : fabrication de carrelage, de briques, de pavés de sol. Paris Design Week est l’occasion pour Gwilen de rencontrer architectes et designers que son matériau pourrait inspirer.  Exploité à l’échelle industrielle, cette ressource disponible partout dans le monde pourrait être promise à un bel avenir.

http://www.gwilen.com/